Rivo ralison

J’ai commencé très tôt la musique avec un parcours assez classique qui consistait à du solfège en école de musique, du solfège en périscolaire, du piano classique et ensuite de la guitare classique. Je garde un souvenir assez laborieux de cette période où j’ai eu du mal à trouver du plaisir dans la musique. Une petite éclaircie est apparue quand ma professeure de guitare (aux anciennes méthodes) est partie à la retraite et a été remplacée par une personne plus jeune au style moins austère et qui m’a montré mes premiers accords.

Je suis passé de Scarlatti, Fernando Sor et Bach à Brasssens, ce qui désormais faisait lien avec ce que je vivais et entendais dans la vraie vie (je passais énormément de temps à écouter la radio).

Tout s’est enchaîné à partir de ce moment, j’ai eu ma première guitare électrique, j’ai essayé de « repiquer » les morceaux que j’entendais, d’autres personnes m’ont montré des accords… et tout naturellement un camarade prenant des cours dans une association de musiques m’y invita, c’était en 1989. Cet endroit s’appelait (et s’appelle toujours d’ailleurs) les « Caves à Musiques de Tergnier ».

Ma vie musicale a vraiment basculé à ce moment, j’y ai rencontré des musiciens engagés dans une voie artistique et sociale que je ne voyais que chez les groupes que j’écoutais, j’ai appris le blues, le rock’n roll, les ateliers de groupe, les concerts dans les bars, l’amitié…

Je suis ensuite parti faire des études à Nancy, mais la petite graine était plantée, donc mon palmarès universitaire a été… nul.

J’ai découvert la scène musicale de Nancy (Wroomble Experience, Double Nelson, Atomic Kids, le Nancy jazz Pulsation, le Terminal Export…) et les premières émotions de la scène avec le groupe Vao Lana formé avec ma cousine et ma sœur. Ce groupe m’a encore plus ancré dans le monde de la guitare électrique et de la pop, c’est avec ce groupe que j’ai fait mes premiers gros concerts en bars, en salle (au Terminal Export notamment) et en festival (festival Trace Rock à Vandœuvre en 1993) et où j’ai vu l’envers du décor (le son, la lumière, les premiers cachets, le playback en télé, la fête, mais aussi les désillusions de ce métier…).

De retour en Picardie, je suis tout naturellement allé frapper aux Caves, et j’y suis devenu animateur musical. J’ai donné mes premiers cours de guitare, animé mes premiers ateliers de groupe et découvert le son et la lumière. J’ai fait mes premiers pas avec l’informatique musicale, mes premiers pas dans un studio d’enregistrements, mes premières régies sons et puis lumière par la suite avec l’association ADATEC étroitement liée avec les Caves à Musiques (en extérieur avec les fêtes des Maqueux d’Saurets et fêtes de la musique et en intérieur au centre culturel François Mitterrand de Tergnier).

Parallèlement, j’ai entamé une carrière d’éducateur en IME et j’ai tout naturellement fait le lien avec ma discipline artistique et d’animation. En 1997, les Caves ont donc créé un poste d’emploi jeune dédié à l’enseignement spécialisé comprenant des interventions en IME (Vouël, Belleu, Vic sur Aisne ), en hôpital spécialisé (CHS de Prémontré) et en accueil adulte (Foyer de la Moncelles de Laon les Papillons blancs à Crouy et à Chauny)… Par la suite, à mon départ, les interventions se sont étendues au milieu carcéral (centre pénitentiaire de Laon).

Musicalement, la période a été aussi très riche avec le groupe Close Up (première partie de Little Bob, Watcha), Zic Zazoo (festival du vélo et festival de l’oiseau à Abbeville), enregistrement d’une des premières maquettes de Thomas Zelko…

Avant mon arrivée en Normandie en 2003, je suis passé par la case formation en intégrant le cursus professionnel de l’école ATLA de Paris en contrebasse (et non guitare) et composition. Eh oui… dans le coin du studio des Caves trainait une contrebasse et le coup de foudre a été quasi immédiat.

À Paris, j’ai réappris à lire et à écrire, j’ai pratiqué la contrebasse comme un sport avec Pierre-Yves Sorin (échauffement, match, étirements, entrainements,..), j’ai découvert un nouvel environnement (le monde des musiciens à Paris), je me suis perfectionné en MAO (musique assistée par ordinateur) et en harmonie. Cette école a permis de retisser le lien avec mes difficiles premières années d’école de musique et ainsi d’englober toute l’expérience professionnelle et artistique pour en faire un bagage concis et solide pour la suite.

La suite, c’est la Normandie, une arrivée un peu difficile où personne ne me connaissait et où il a fallu recréer un réseau. Il s’est créé dans l’enseignement et l’animation, avec notamment Musique Expérience à Ducey avec qui j’ai fait des interventions en milieu scolaires, des cours d’instruments et des ateliers de groupes. C’est à Ducey qu’a été créé le Relais Culturel Régional en 2011 qui est un dispositif de la région Basse-Normandie pour accueillir et accompagner des groupes et compagnie en résidence rémunérée. Cette expérience au Relais (dans lequel j’interviens toujours) m’a permis d’approfondir ma connaissance et ma pratique dans le domaine de la technique (son, lumière, vidéo) mais aussi dans l’accompagnement (mise en scène). La multitude de personnes que j’y ai croisées m’a enrichi artistiquement, m’a fait découvrir d’autres styles et d’autres disciplines. J’ai aussi noué des liens forts avec certaines personnes (dont la « scène caennaise »), j’ai aussi été baigné dans l’univers administratif et social de la vie d’artistes (statut d’intermittent du spectacle, création de spectacle, demande de subventions, médiations culturelles, dialogue avec les institutions,..).

Mon côté artistique s’est aussi développé de son côté ; j’ai rencontré sur scène de nombreux artistes Normands et talentueux comme Matchet, Serge Lelièvre, Des Ailes et Cumulus, Deny Lefrançois, Nel’son, Spleen l’Ancien Quartet. Techniquement j’ai accompagné des compagnies comme Murmure du Son (création lumière et vidéo des spectacles « Ça mord » et « Entrez Donc »), Mes Souliers Sont Rouges (création et régie lumière de la tournée « Ce qui nous lie »), Ana Kap (création et régie lumière du spectacle « Trauma Show »), Olifan (titulaire de la régie lumière et vidéo, remplaçant du poste d’ingénieur du son et du poste d’Olivier Harrasse).

Et Manigale dans tout ça ?

Parallèlement (je fais toujours les choses parallèlement) j’ai travaillé dans plusieurs écoles de musique (Saint Hilaire Du Harcouët, Mortain, Ducey, La Haye Pesnel). C’est à Mortain que j’ai rencontré Antoine Koelh en 2007, Stéphane Devineau et Nadège Queuniet ensuite. Par l’initiative d’Antoine et de Franck Achard de l’OCCE14, nous avons animé des bals folks pour plusieurs écoles du Calvados.

Puis Manigale est né. J’ai découvert la musique traditionnelle et sa culture. J’ai appris à jouer pour servir la danse, avec ses codes et ses structures rythmiques, et au fur et à mesure, j’y ai amené mes couleurs.

Depuis, nous cultivons gentiment notre passion d’être et de faire ensemble…

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